Rencontre avec les Braqueuses de l'Amiens SC
Dernière mise à jour : 21 mars 2021

Reléguées arbitrairement avant la fin de leur championnat alors qu'elles luttaient pour le maintien dans leur division... Cela vous rappelle quelque chose ? Leaders invaincues de Régional 1, les féminines de l'Amiens SC se sont jusqu'à présent bien relevées de leur relégation injuste de deuxième division à l'issue de la saison passée. Hélas, une nouvelle fois, un arrêt des championnats amateurs, suite à une décision de la FFF du 29 octobre, perturbe leurs plans. Un amour du maillot, de la solidarité, de l'humilité et une envie de tout donner pour ses co-équipières, partons à la rencontre de trois joueuses qui font honneur à notre club.
1°) Pour ceux qui n'ont pas suivi les épisodes précédents des Féminines de l'Amiens SC, pouvez-vous vous présenter ?

Mallory VLIEGHE : Milieu de terrain, 23 ans, je vais sur ma 5ème année à l’Amiens SC.
Emma BETTENS : J’évolue au poste de latérale gauche, j’ai 19 ans et je suis désormais au club depuis maintenant 5 ans.
Anaïs PUGNETTI : Milieu, 23 ans, c’est ma deuxième saison au sein du club.
2°) Comment le football est devenu votre passion?
M.V. : Le foot est devenu ma passion grâce à mon cousin. Nous jouions au foot dans mon jardin et dans les city stades, pour ensuite rentrer dans un club des l’âge de 6 ans. E.B. : Je pratique le football depuis l’âge de 6 ans, j’avais toujours l’habitude d’être sur les bords de terrain en allant voir mon frère, depuis j’ai été passionnée par ce sport.
A.P. : Toute petite déjà j’avais un ballon entre les pieds. Derrière chez mes parents, il y avait un petit terrain de foot sur lequel je passais mes après-midis. C’est donc naturellement que j’ai commencé le foot avec les garçons. Je suis toujours passionnée.
3°) Avez-vous des modèles dans le football?
M.V. : Mes modèles sont Amandine HENRY, Sergio RAMOS et Cristiano RONALDO.
E.B. : Je n’ai pas particulièrement d’exemple ou d’idole, mais je follow sur internet beaucoup de footballeurs et footballeuses. J’aime bien suivre leur quotidien et les voir vivre de leur passion.
A.P. : Je suis fan de Cristiano RONALDO, même si nous jouons pas au même poste. C’est vraiment un joueur que j’aime regarder. Parfois je regarde un match juste parce qu’il joue. J’aime aussi Maxence CAQUERET, c’est un jeune joueur qui joue à Lyon. Mais le maître au poste de milieu défensif reste pour moi INIESTA. Je n’ai pas de modèle au niveau féminine.
4°) Rappelons aux lecteurs et lectrices que vous n'êtes pas des professionnelles. Votre investissement au sein du club est d'autant plus remarquable. Quelles sont vos activités ou professions?
M.V. : Effectivement, nous ne sommes pas professionnelles. Le foot reste une passion et du loisir. Pour certaines, il y a les études et pour d’autres le travail. Pour ma part, je travaille à Intersport.
E.B. : Je suis étudiante à l’université en fac de STAPS à Amiens.
A.P. : En dehors du terrain, je suis professeur d’EPS.

5°) Avez-vous l'ambition ou le rêve de devenir professionnelles?
M.V. : Ce n’est pas mon ambition. Si cela va arrive, tant mieux! Mais ce n'est pas forcément ce que je recherche. C'est très compliqué de construire sa vie en étant joueuse professionnelle.
E.B. : Je pratique du foot depuis mon plus jeune âge et je continue de bosser chaque jour aux entraînements, donc forcément être récompensée en devenant professionnelle, c’est un rêve de gamine! Je n’y pense pas tout le temps, car je sais que c’est compliqué d’en arriver là. Mais si j’en avais l’opportunité, ça ne serait pas de refus bien évidemment!
A.P. : Je n'ambitionne pas d'être professionnelle, car je pense que je n'ai pas le niveau et plus l'âge pour ça. Plus jeune, c’était un objectif. Quand on a goûté à l’équipe de France et qu’on sort d’un pôle espoir, cet objectif est dans un coin de la tête (NDLR : Anaïs a participé à l'EURO U19 en Israël en 2015). A 23 ans, on bascule vers le milieu-fin de carrière de joueuse. A l’époque où j’ai pu jouer en D1, je n’étais même pas dans un club pro. Cela commence tout doucement à se développer, mais c’est beaucoup plus difficile que d’être pro chez les garçons.

6°) Suivez-vous attentivement les matchs de l équipe première? En temps "normal", êtes-vous à l'occasion dans les tribunes pour soutenir les professionnels? E.B. : Je suis toujours les résultats de l’équipe première de l’Amiens SC. Je vais de temps en temps voir les matchs à la Licorne. J’ai également assisté à la montée en ligue 1 au stade de Reims en 2017. A.P. : Je suis les résultats de l’équipe première et la saison passée j’ai pu aller voir quatre matchs. A l’inverse, je n’ai jamais vu de joueurs pro assister à nos matchs.
7°) En cinq journées, les féminines de l'Amiens SC ont enchainé 5 victoires dont la dernière face à Calais. Restées toutes les trois au club après la relégation en R1, est-ce que vous puisez dans le sentiment d'injustice une certaine rage de vaincre? (NDLR : il restait en mars 2020 avant l'arrêt, 7 matchs sur 22 à jouer, soit 1/3 du championnat à 4 points du premier non relégable) M.V. : Pour tout l’effectif il y a un sentiment d’injustice car nous savons que nous n’avons pas été au bout de notre championnat en D2, et que rien n’était encore joué. Le classement était serré pour le maintien et nous aurions pu prouver d’autres choses. Malheureusement la crise sanitaire nous a stoppé et nous avons un esprit revanchard sur tout ce qui a pu se passer. Je pense que des décisions plus justes aurait du être prises. Pour certains clubs ça a été bénéfique, pour d’autres non.
E.B. : La relégation en R1 a été très difficile à digérer pour chacune d’entre nous. Il y a eu une grande injustice, mais nous n’avons pas eu le choix de relever la tête et travailler aux entraînements pour être performante et pourquoi pas envisager une remontée. Nous avons eu quelques départs, mais nous avons su être plus fortes. Nous avons une équipe pas forcément plus forte que l’an dernier sur le papier, mais une équipe plus soudée avec une meilleure cohésion qui nous avantage beaucoup sur les terrains. On peut le voir dans nos résultats.
A.P. : On a réussi à rester invaincues sur ce début de championnat, mais je ne pense pas que nous puisions cela dans cette injustice. La descente a eu un goût amer car nous étions à 4 points du premier non relégable, et ils nous restaient des matchs à confrontations directes. Mais aujourd’hui cela est passé et digéré, nous sommes passées à autre chose. C’est une nouvelle saison avec une nouvelle équipe et la descente appartient au passé. Néanmoins, nous avons su en tirer des leçons : chaque match est important, car on ne sait pas ce qu’il peut arriver et il faut se mettre à l’abri au niveau du nombre des points. Et c’est ce que nous avons réussi à faire jusqu'ici cette saison.

8°) Quels sont pour vous les points forts de l'équipe? M.V. : La solidarité et la complémentarité entre les nouvelles et les anciennes. On a toujours cette bonne ambiance et ces liens forts qui nous unissent malgré le départ de certaines. Les plus fidèles sont restées et c’est le principal ! On a toutes le même but.
E.B. : Nous l’avons bien vu face à Calais, nous sommes restez soudées jusqu’au bout pour ne pas encaisser le but d’égalisation, et nous avons été récompensées par la victoire. Nous sommes désormais en tête du championnat avec 0 défaite. Je pense vraiment que le mental et la cohésion font notre force cette année.
A.P. : Notre mental et notre cohésion. Nous sommes des guerrières. Sur le papier nous n’avons pas la meilleure équipe du championnat, par contre nous connaissons les filles avec qui nous jouons et on essaye de se battre les unes pour les autres, ce qui nous a permis de gagner face à Calais et d’autres matchs assez difficiles à jouer comme à Saint-Omer, par exemple.

9°) Vous êtes actuellement dans l'inconnu quant à la reprise des matchs. Après ce bon début, vous devez être particulièrement impatientes de reprendre, et aussi de démontrer que vous méritez de monter en D2 sur le terrain, et non suite à une décision dans un bureau.
M.V. : J’espère que le championnat reprendra rapidement et ne s’arrêtera plus. Nous ne savons pas encore comment se déroulera la suite, mais nous avons la détermination et l’envie de décrocher les barrages tout en ayant un esprit décontracté. Il ne faudrait pas une fois encore que le championnat soit stoppé et que des décisions injustes viennent déterminer l’avenir de l’Asc féminine.
E.B. : Nous sommes toutes impatientes de reprendre le championnat forcément. Nous espérons continuer sur notre lancée et rester invaincues. Nous allons continuer à travailler pour obtenir le meilleur.
A.P. : On aimerait que le championnat reprenne pour essayer de continuer sur notre lancée. Il est plus gratifiant de monter en ayant affronté tous ses adversaires que sur une décision de bureau. Bien évidemment, le sportif avant tout, et j’espère qu’on pourra reprendre le championnat dans un contexte sanitaire stable. Nous savons qu’après une période de coupure de 2 mois c’est un nouveau championnat qui commence. Certes, nous sommes bien placées, mais cette première place n’est pas acquise, donc si on doit monter ça se fera, mais d’ici là il reste beaucoup de matchs et nous savons que le chemin est encore très long.

10°) Vous arrivez à maintenir un lien fort au sein de l'équipe en attendant? M.V. : On garde un lien fort avec toute l’équipe, nous avons un groupe sur les réseaux sociaux où nous nous donnons des nouvelles. Le staff nous fait part de nos programmes de courses pour nous maintenir en forme.
E.B. : Nous communiquions beaucoup pendant la période de confinement, nous restions toujours en contact. Il est très important de rester soudées lors de cette période difficile et de ne pas casser les liens. A.P. : Nous avons hâte de reprendre, de nous retrouver car on se voyait quand même souvent (3-4 fois par semaine) ce qui nous permettait des créer des affinités qui commencent à manquer durant ces périodes de confinements. On réussi à garder du lien par les réseaux sociaux dans lesquels on a des groupes. On s’est appelé en visio pour souhaiter des anniversaires. C’était cool de revoir tout le monde. Mais le plus important bien sûr c’est de pouvoir se retrouver en « vrai » sur le terrain et en dehors.
11°) Avez-vous un message à adresser à vos supporters et plus largement à ceux qui vous découvrent aujourd'hui ?
M.V. : Je souhaite une bonne année à tout le monde, et je remercie nos plus fidèles supporters qui continuent à nous encourager sur les terrains ainsi que sur les réseaux !
E.B. : Merci de nous soutenir, nous avons toutes besoin de vous. On compte sur vous pour une belle fin de saison. Et surtout allez Amiens !
A.P. : J’aimerais dire merci aux supporters qui sont présents à chaque match. Ce sont généralement les parents des joueuses. Ils viennent quelque soit le temps, et ça fait du bien de se sentir soutenues comme cela. Alors, merci à eux!
Un grand merci à Mallory, Emma et Anaïs pour leur disponibilité et de défendre si vaillamment nos couleurs! Allez AMIENS!

Sachez que cette équipe regorge d'autres belles personnalités : la capitaine Jennifer MEUNIER, la gardienne Camille MARTIN, la défenseure Ophélie PLESSIER, la très amiénoise Léa BOUAZNI-TELLIER (milieu), les fines gâchettes Tiphaine VASSANT et Lilou GLYDA (attaquantes), Louise LAKOTKO et Clémence POITEAUX, (gardiennes), Camille MERLE, Morgane SOYEZ, Doreen NORDEN et Lou AUDEGOND (défenseures), Alicia VARELA DE BRITO, Cloé TABITOURAT, Inès KARAOUN, Sarah DOS SANTOS et Maurine SICARD (milieux), Emma GOSSE, Océane FOLLAIN, Chloé DEBUT et Jennifer LETUVE (attaquantes).
Saluons aussi au passage l'excellent travail de l'entraîneur Hicham ANDASMAS et de l'ensemble du staff.

Pour en savoir plus, vous pouvez également visionner ces reportages réalisés à l'occasion de la montée des Féminines en D2 en juin 2019 et au début de la saison passée en D2.