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Paroles libres de 8 footballeuses amiénoises pour le 8 mars

Dernière mise à jour : 21 mars 2021


En tant que sportif, que vous inspire la Journée des droits des femmes ?

A cette question nous ont répondu librement 8 joueuses de l'Amiens SC féminine, et, en invité masculin, un joueur de l'Amiens SC qui connait bien le football féminin.


Lilou GLYDA, attaquante : En tant que sportive, je pense qu’il nous faudrait plus de considération notamment au niveau du Ministère des sports et de la fédération. En effet, pour ne citer qu’un exemple, la situation actuelle autorise les matches des garçons à reprendre dans plusieurs divisions alors que pour les femmes seule la D1 peut continuer de jouer. Il n’y a pas d’équité sportive, seuls les enjeux financiers priment et c’est pour cela que seuls les garçons peuvent continuer dans ces conditions sanitaires. On ressent un sentiment d’injustice. Le football féminin est de plus en plus visible, comme l’a montrée la Coupe du monde féminine de 2019 qui a été la plus médiatisée depuis son lancement. Cependant, je pense qu’il faudrait que le football féminin soit encore plus médiatisé, pour prouver que, malgré les différences physiques, il est attractif et intéressant et que le niveau de jeu évolue. Donc par rapport aux garçons, notre médiatisation est beaucoup plus faible même si elle progresse. Au niveau de la formation, c’est compliqué, il y a très peu de centres de formation. Heureusement qu’il y a quelques sections sportives qui nous permettent de progresser.

Jennifer MEUNIER, capitaine de l'ASC Féminine : Il est important de se battre pour une plus grande présence des filles et des femmes dans le milieu sportif. Il faut combattre le sexisme, lutter contre les inégalités et la discrimination. Réussissons au féminin, soyons solidaires, ce sera notre succès de demain!

Tiffany VASSANT, attaquante : Parmi beaucoup de choses, les droits de la femme en tant que sportive, ça m’inspire avant tout un mot fort : "inégalité". Celle que l’on peut subir face aux hommes et les combats que l’on doit mener afin de pouvoir exister au quotidien. Par exemple, en tant que footballeuses encore engagées en Coupe de France, nous sommes obligées de nous battre pour pouvoir continuer la compétition alors que les garçons, eux, jouent sans soucis. On nous a dit que l’on doit attendre de voir comment cela se passe chez les garçons avant de pouvoir reprendre la Coupe. Pourtant, nous pratiquons le même sport. Si les hommes peuvent jouer, je ne vois pas pourquoi nous nous ne pouvons pas le faire.

Léa TELLIER-BOUAZNI, milieu et "amiénoise depuis toujours": Pour commencer, pourquoi une journée et seulement une journée pour mettre à l’honneur la femme? La femme représente bien plus qu’une journée. Historiquement cette journée est symbolique mais la femme doit être mise en lumière bien plus souvent pour tout ce qu’elle accomplie depuis des décennies. La femme est bien trop souvent mise au second plan par rapport à l'homme, que ça soit dans le domaine sportif comme bien d’autres malheureusement. Vous ne rêvez pas, nous en sommes encore là en 2021, malgré les nombreux sacrifices dont de nombreuses femmes ont fait preuve au cours de l’Histoire. Cette forme d’inégalité est toujours présente et n’évolue pas plus que ça à mon sens. Un exemple avec le sport, et notamment le football, actuellement en France la L1 et la L2 ont continué, malgré la crise sanitaire, mais à contrario la D2 féminine (équivalent de la ligue 2) a été stoppée suite à cette même crise. Vous estimez çà logique sous prétexte que le football masculin génère de l’argent? Où se trouve l’égalité dans tout cela ? Je vous parle d’un sport que je connais mais il y en a bien d’autres exemples malheureusement dans d'autres sports. Pour finir j’aimerais en cette « journée de la femme » remercier toutes les femmes du monde : merci d’être ce que vous êtes, continuez de faire valoir vos droits, vos idées, soyez des lionnes, pour qu’un jour nous n’ayons plus à fêter ce jour comme s’il était le seul de l’année a nous rendre toutes et tous égaux. CHAQUE JOUR QUI PASSE EST UNE JOURNÉE DE LA FEMME ! Bisous à ma maman, cette femme formidable qui est mon exemple au quotidien.

Anaïs PUGNETTI, milieu : Je pense qu'il nous reste encore une belle marge de progression. Même si ces dernières années le sport féminin s’est beaucoup développé à l’image de la Coupe du monde de football féminine en France, je pense qu’on ne dispose pas encore assez de moyens dans le foot et même ailleurs dans les autres sports. Bien sûr, comme toutes les jeunes femmes j’aimerais plus de droits, mais cela appelle plus de moyens et c’est là que nous devons encore évoluer en France car nous jouons trop souvent les seconds rôles. Un exemple concret, la D2 féminine est l’arrêt alors que la L2 masculine est en activité. Ce qui montre que nous n’avons pas encore les mêmes droits que les garçons et qu’une belle marge de progression nous attends pour nous mais aussi pour les générations futures.

Camille MARTIN, gardienne : En tant que sportive et surtout en tant que femme, je pense que la parité est l’une des valeurs fondamentales qui devrait être respectée dans toutes les instances. La femme est influente dans le monde et sa place ne doit pas être cachée derrière un homme. Il va de soi que certaines tâches/métiers comme la manutention de charges lourdes ne sont pas forcément le choix rêvé de petites filles mais peuvent être réalisables pour les filles qui souhaitent le faire. Cela va de soi pour le sport comme le football qui est très médiatisé pour le jeu masculin. Quand on a un rêve, une passion, il faut s’accrocher et faire savoir à toutes les filles que tout est possible. Si une fille l’a fait alors pourquoi pas « moi » ? ou pourquoi pas elle ? Tout est réalisable et je suis certaines que les femmes pourront être beaucoup plus influentes dans le temps. Elles le sont déjà mais trop cachées a mon goût. Il est nécessaire que l’on parle d’une femme au même titre que d'un homme, nécessaire que l’on respecte une femme comme l’on va respecter un homme, et surtout nécessaire que l’on entende la voix d’une femme comme celle d’un homme. Le sport peut être le tournant en nous médiatisant de plus en plus et ainsi nous mettre sur le même piédestal, que ce soit sur des bases salariales que sur des bases de reconnaissances. Le football féminin prend de l’ampleur et j’en suis plus que ravie. Je suis un peu déçue que ça n’aille pas aussi vite qu’en Angleterre ou en Espagne, mais je suis ravie que cela évolue et je souhaite de tout cœur que chaque petite fille s’accroche à l’idée d’être au même niveau qu’un garçon. Je souhaite surtout que les rêves des petites filles deviennent des rêves que seuls les petits garçons pouvaient avoir auparavant, comme devenir footballeuse professionnelle, directrice d’une grande entreprise, manager, ou personnalité influente dans le monde. Si un jour j’entends une petite fille m’en parler je lui dirais de foncer et de ne jamais s’arrêter, de croire en ses rêves parce qu’avec de la détermination et de l’envie, tout peut être accessible. La journée de la femme c’est tous les jours et nous n’avons pas besoin de ça pour réussir et s’affirmer en tant que femme.

Camille MERLE, défenseure : Le sujet me paraît très fort à aborder, car à mon sens il subsiste encore beaucoup d’inégalités. Alors oui, ce jour particulier fait partie de notre histoire et indique à lui seul que les femmes sont enfin reconnues comme être humains capables de prendre des décisions politiques et communautaires. C’est louable et ça nous montre une nouvelle importance. De mon point de vue, ce jour singulier permet de mettre en lumière certaines pratiques discriminatoires, certains actes, une certaine misogynie subsistante dans le monde du travail, dans le monde du sport voire même dans la sphère privée. Maintenant, il faut aussi penser aux moyens, ainsi qu’à l’image qui sont donnés aux femmes. Y’en a-t-il assez ? Sans faire d’extrémisme, je pense qu’il reste encore un peu de travail à faire. Ma position de sportive me pousse à prôner les valeurs du sport. Le sport peut complètement permettre à une femme d’aujourd’hui de se sentir pleinement épanouie dans sa vie de tous les jours, pour certaines, cela fait même partie d’un équilibre vital.

Ophélie PLESSIER, défenseure : La journée de la femme est porteuse d’un message fort qui est la lutte pour les droits des femmes, la liberté et l’égalité au même titre que les hommes. En l’étendant au sport, et ici à la pratique du football féminin, c’est un jour qui peut paraître spécial pour certaines (au-delà de celles qui fêtent leur anniversaire ce jour là, cf. Mme Anais PUGNETTI!). Mais pour moi ça ne l’est pas spécialement plus qu’un autre jour. Je pense qu’il ne faut pas attendre un jour précis dans l’année, un jour parmi 365 autres jours pour s’exprimer et pour faire progresser les choses. C’est au quotidien que cela doit se faire, et encore plus quand on a la possibilité de le faire. Par exemple, nous sportives qui sommes assez sollicitées par les journalistes locaux. En évoluant à l’ASC en équipe première, nous avons cette « chance » de pouvoir être mises en avant médiatiquement à une échelle locale, et cela nous permet de communiquer sur la pratique du foot par les filles, sur sa démocratisation et légitimité, ce qui est d’autant plus important en ce moment dans un contexte où le football féminin n’est plus vraiment la priorité... En tant que femme mais surtout femme sportive, et en évoluant dans un cadre et une structure qui nous permet de nous exprimer et de prendre la parole, je pense qu’il est d’autant plus important de communiquer là dessus. Non seulement pour démocratiser la pratique du football féminin, qui souffre encore parfois d’une vision arriérée et machiste, mais aussi pour inspirer d’autres filles à faire du sport en général, et d’aller au delà des clichés qui peuvent subsister. Et je pense que cela passe par la reconnaissance et la communication autour du développement du sport féminin. La médiatisation du sport féminin est encore loin, même très loin de celle que connaissent nos homologues masculins. Les explications et raisons à cela se justifient sûrement dans le fait que le foot féminin est moins « vendeur », qu’il génère tout simplement moins d’argent. Mais, c’est un autre débat. Il faut reconnaître que notre reconnaissance médiatique commence doucement mais sûrement à se développer (jusqu’à la crise sanitaire) et ce en partie, grâce à la presse locale. Affaire à suivre post-covid...!

Mustapha SANGARE, attaquant et ancien responsable de la section féminine de la CAMILLIENNE (Paris 12ème) : Le football féminin est pour moi en voie de développement. En tant qu'acteur avec la section féminine de mon ancienne association, j’ai pu voir l’engagement de tous, parents, structure, éducateurs pour faire grandir cette section. J'espère que le football féminin sera encore plus médiatisé afin qu’on puisse découvrir plus de talents. Mais cela passe d’abord par l’implication sans relâche de tous !

 

Un très grand merci à tous nos invités pour leurs précieux témoignages et leur grande disponibilité, et en particulier à Jennifer MEUNIER. Nous espérons bientôt les revoir tous sur les terrains!


("The History of Women's Sport", un Sweat conçu par M concept validant son orientation concernant la position des femmes dans tous les domaines de la vie. Disponible prochainement à l'adresse suivante : https://m.facebook.com/mconcept.textile/ )


Un grand merci également aux photographes Will et François pour leurs belles illustrations.

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