Le 26 mai 2001, Amiens en finale de Coupe de France
Dernière mise à jour : 26 mai 2021

C'était la première fois. Jamais l'Amiens SC n'avait atteint la finale de la Coupe de France.
Club de L1 face à un club de 3ème division, le Racing club de Strasbourg remporta l'épreuve avec difficulté, et non sans trembler puisque ce sont les tirs aux buts qui départagèrent les deux équipes. Pour les Amiénois, ce fut un mélange de regrets d'être passés si près d'un si beau trophée et de fierté de voir leur équipe achever une saison historique au sommet du football français. Vint ensuite le temps de témoigner leur reconnaissance aux héros à la mairie d'Amiens.
Nous avons essayé de rassembler les archives disponibles concernant cet événement majeur de l'histoire de l'ASC et sollicité ses différents acteurs pour recueillir leurs précieux témoignages.
L'état d'esprit de l'Amiens SC et des supporters à l'approche du match
- Les joueurs amiénois en pleine reconnaissance du terrain et des vestiaires dans ce reportage de France 2.
- Photos de la vie de l'équipe peu avant la finale
- Ce reportage de France 3 Picardie témoigne de la ferveur qui grandissait parmi les Amiénois autour de la place Gambetta à quelques heures du match.
Extraits de la presse écrite nationale avant match (L'Equipe, France Football) et locale (Courrier Picard, JDA)
Objets collectors!
Amiens SC- RC Strasbourg
La feuille de match et les faits de jeu

(source : mondefootball.fr )
Sur le banc des remplaçants amiénois, figuraient également Cédric FONTAINE, Philippe DURPES et Cyril MERVILLE (non rentrés en jeu).
Photos du match
Extraits vidéos du match
Les tirs au but en intégralité
La fin des tirs au but
Félicitations des finalistes amiénois et remise de la Coupe au vainqueur
Extraits de la presse écrite après match
Nous vous recommandons vivement le hors-série du Courrier Picard consacré aux 20 ans de la finale, que vous pouvez commander ici.
Témoignage d'Oscar EWOLO (Amiénois et milieu de l'Amiens SC) (exclusif)
"Le fait d'aller au Stade de France et de le vivre jeune effectivement ça nous ouvrait les portes, plusieurs possibilités. Cela construisait notre mentalité. Par rapport aux autres et peut-être aussi Manu Duchemin, c'est avec le temps que je me suis rendu compte du caractère très exceptionnel de l'événement, qu'une finale tu la joues peut-être une fois dans ta vie. À l'instant T je ne me suis pas rendu compte de ça par rapport aux autres, plus âgés qui en étaient plus conscients. Certains jouaient leur avant-dernière saison. Mais nous qui étions plus jeunes nous n'avions pas cette perception. Je m'étais dit que certainement je rejouerai une finale au Stade de France, que c'était possible. Mais tout compte fait j'en ai jamais rejoué en fait (rire). J'ai fait d'autres choses (des montées en L1) Donc c'est vrai que la finale ça ouvrait des perspectives sur des possibilités.On expérimente quelque chose de grandiose. En même temps, on se dit que si on arrive à expérimenter ça tôt, et bien peut-être qu'on aura l'opportunité de revenir. Ca reste un souvenir inoubliable. Quand on rentre sur le terrain, on voit la multitude de supporters amiénois, des maillots blancs...80 000 personnes.c'est incroyable, franchement, c'est magnifique. Et d'ailleurs des années plus tard, j'ai joué avec Bruno GROUGI à Brest et je l'ai chambré beaucoup parce qu'il avait fait le lever de rideau du match Amiens-Strasbourg pour la Gambardella. Ça reste des superbes souvenirs en tout cas. "
Témoignage de Lakhdar ADJALI (milieu offensif de l'Amiens SC) (exclusif)
"Cette saison est un très bon souvenir sur le plan sportif et humain. Hélas, c'était aussi une période douloureuse car la semaine de la finale j'ai perdu mon père à 73 ans. C'est pour cette raison que je n'ai pas débuté le match. Je ne devais même pas faire partie des remplaçants. Le destin a fait que Jean-François RIVIERE a eu mal au ventre. J'étais le 19ème joueur dans la tribune, et je me suis retrouvé alors remplaçant. J'ai joué 20 minutes et j'ai même failli marqué un but. Ça reste une superbe saison."
Témoignage d'un supporter amiénois :
Charles : "Quand je repense à mai 2001, je pense aussi au 4 mai 2001 où nous étions déjà en route pour St Denis ! Pas au Stade de France mais au Stade Marville, pour un match contre le Red Star, décisif pour la montée. Mon copain Sylvain et moi, parmi la centaine de supporters Amiénois présents dans un stade absolument désert, nous avions donné de la voix et exulté lorsque Jeff RIVIERE avait inscrit le seul but du match. Le 26 mai 2001, encore en route pour St Denis mais cette fois-ci la finale ! Nous ne sommes plus 100 comme il y a 3 semaines mais plus de 20 000 à nous rassembler dans l'un des virages du Stade de France. Je rejoins mon copain Cyril au 1er rang de l'anneau intermédiaire, juste derrière le plexiglas :-(. Destins croisés pour Strasbourg et Amiens qui, malgré les 2 divisions d'écart, se retrouveront tous les 2 en D2 l'année prochaine. Peu de souvenirs clairs du match à part ce loupé incroyable de Claude-Arnaud RIVENET, l'un des 1ers joueurs à chausser des crampons blancs, que nous avions débauché à Troyes. Pour le reste, la sensation d'un match interminable, joué dans un brouhaha continu, la peur bleue de défier CHILAVERT sur la séance de pénos et la tristesse d'être passés si près de la victoire."
Le retour triomphant d'une finale perdue
- Extraits radio du retour à la mairie le dimanche 27 mai 2001 : réactions (Xavier CHALIER et Denis TROCH) et discours à la foule (France bleu Picardie)
Témoignage d'Oscar EWOLO (Amiénois et milieu de l'Amiens SC) (exclusif)
"On était vraiment étonné, surpris de voir l'engouement. une multitude de personnes, c'était plein. On n'avait jamais vu quelque chose comme ça sur Amiens. Moi, j'ai grandi à Amiens, j'ai fait toutes mes classes à Amiens. Avec Manu DUCHEMIN, on est des Amiénois, on a grandi à Amiens. Nous avons vu quelques matchs lorsque nous étions plus jeunes, où Amiens avait fait quelques exploits. Une ville comme ça, voir une multitude comme ça, on était vraiment étonné, surpris, ébahi, de l'engouement, de la ferveur et aussi de l'accueil qu'on a pu recevoir. C'était dans un autre monde, franchement. Je me souviens on avait des frissons. C'était plein. Après on a même pris le micro dans l’hôtel de ville, je me souviens.
La joie que les gens nous ont communiquée a fait que nous avons eu le focus sur ce moment.
La tristesse a été un peu estompée. Justement parce qu'on nous a communiqué de l'amour.
C'est ça qui était très fort, les gens étaient tellement heureux malgré qu'on ait échoué à la finale. Mais cette joie là, l'amour qu'ils nous ont communiqué nous permettait aussi de passer un bon moment et d'être aussi heureux de ce que nous avions pu communiquer aux gens."
Témoignage de Denis TROCH (extrait de notre entretien du 04/05/2021)
"Ah nous avions l'impression d'avoir gagné la Coupe d'Europe! C'était surprenant. Je me disais, on va aller le lendemain midi sur la place de la mairie à Amiens avec un car impérial et il y aura personne, ou alors quelques supporters. Et puis on est arrivé par le centre-ville, on a fait un détour avant d'arriver directement. Et personne dans les rues, je vous assure. deux, trois personnes, mais quasiment personne. Je me disais « Mais qu’est-ce qu’on va faire sur la place de la mairie ? ». C'est seulement quand on est arrivé que j'ai vu la cohue et les milliers de personnes. Car il y avait des milliers de personnes, j'ai dit « Non, c'est pas vrai ? »
C'était trop impressionnant. Autant monde, de personnes! Et là on s'est rendu compte qu'il y avait tous ceux qui étaient la veille au Stade de France, tous ceux qui n'y étaient pas, qui n'avaient pas pu y aller et qui se sont retrouvés réunis sur cette place de la mairie. C'était vraiment une belle communion. Devant la foule, je ne me souviens plus ce que j'ai dit. « Merci », ça c 'est sûr et certain. J'ai peut-être aussi pensé que ce qu’on avait fait était bien. Même si je ne l'ai pas dit, je sais que c'était quelque chose de beau et c'était les prémisses de quelque chose qui pouvait se passer, dans les mois et les années à venir, parce que je pensais qu’on allait monter. Et ça n'a pas été le cas, et ça été fait par la suite, très bien fait par Christophe PELISSIER et son équipe. Mais, c'était déjà donner à ce moment la possibilité aux Amiénois de croire en eux, de croire en leur équipe, en leur club, pour se dire « pourquoi pas nous ? ». On avait à ce moment là créé une brèche vers la réussite. Et là c’était intéressant pour ça."
Témoignage d'Arnaud LEBRUN (milieu puis latéral de l'Amiens SC) (exclusif)
"La mairie, c'était bien , la foule qui a accueilli et tout c'était génial. Le public cette année là était exceptionnel, on a vraiment découvert un public à Amiens. C'est cette saison où le public s'est vraiment déclaré. Après la finale, on avait fait une bringue jusqu'à...., moi je crois que j'avais pas dormi. On s'est retrouvé sur le plateau de Telefoot, je n'étais pas bien du tout, Je m'étais pas couché (rires). Je me rappelle on avait pris le petit déjeuner dans un bar à 6 h du matin avec Manu Coquelet, et des potes qui étaient venus, je crois qu'il y avait aussi Denis qui était là aussi à une autre table. Le retour à la mairie c'est super, mais tu ne ramènes pas la Coupe, tu te dis « il manque quelque chose ». Tu es reçu au balcon, c'est top, mais il manque l'essentiel, la coupe à présenter au public et cela aurait été vraiment l'apothéose. Ça a été super bien organisé le bus impérial et tout, mais il manque l'essentiel, il manque la Coupe de France. Ça reste un gros échec sincèrement. Moi j'y pense souvent. Je regarde beaucoup de matchs. Quand je vois les mecs qui jouent, il y en a qui n'ont pas conscience de la chance qu'ils ont d'évoluer à ce niveau là. Certains internationaux n'ont jamais joué pour un trophée, à part la Coupe du Monde. Quand tu y vas, il faut en profiter. Il faut optimiser ce moment. On avait un groupe de fous. Pour moi c'est le meilleur groupe que j'ai connu en termes d'ambiance. Il n'y en avait pas qui tirent au flanc, ceux qui jouaient pas ils étaient dans le groupe. Ils poussaient le groupe avec nous. Tout le monde tirait dans le même sens. Cette ambiance là était vraiment exceptionnelle, et cela nous a permis aussi d'aller très loin dans toutes les compétitions."
Témoignage de supporters amiénois présents dans la foule
TchiotJules : "Le lendemain de la finale, je décide comme des milliers d’Amiénois d'aller rendre un dernier hommage à nos héros de la veille. On arrive au centre ville et on sent une atmosphère électrique. J'ai la boule au ventre, celle de l'excitation, celle de voir les héros de la veille face à moi, face à nous. En marchant en centre ville, j'admire une dernière fois les vitrines de nombreux commerçants qui avaient joué le jeu de se mettre aux couleurs de l'ASC depuis plusieurs semaines déjà. Plus je me rapproche de la mairie, plus je vois de maillots blancs et noirs, de gens maquillés, de drapeaux. Là c'est sur, la fête va être belle. On arrive face à la mairie et là, une marée humaine impressionnante. La place est noire de monde. On se faufile dans la foule pour se rapprocher, j'arrive à me placer au centre du parvis pour voir de plus près ceux qui nous ont fait vibré la veille. Les joueurs arrivent quelques minutes après avec pas mal de retard car eux aussi avaient eu du mal à se rendre en bus jusqu'à l’hôtel de ville. C'est la folie, ça chante, ça crie, fumigènes, drapeaux, quelle ambiance! Si quelqu'un s'était endormi pendant 24h, il aurait pu croire qu'on avait gagné la coupe tellement l'ambiance était chaude. Les joueurs, le staff, le président, le maire, tout le monde savourent ce moment de joie quelques semaines après les inondations qui ont touché notre ville et le département en général. Des souvenirs à vie, c'était quelque chose de formidable, j'espère vraiment qu'on revivra une épopée comme ça un de ces jours et que cette fois, on rapportera la coupe à la maison."
Charles : "L'ASC est reçu à la Mairie. J'ai la chance d'avoir pu me joindre à la réception et de discuter quelques instants avec Peter SAMPIL et Jeff RIVIERE (tous les deux très déçus). Sur le parvis c'est une belle ovation qui sera faite par les supporters à cette équipe et à ce coach extraordinaires. Merci Denis."
Extraits de la presse écrite (Courrier Picard)
Cette magnifique saison 2000-2001 a réveillé les supporters amiénois, envisageant à nouveau un avenir sportif radieux, et rappelé l'existence au football français de l'un de ses dix plus anciens clubs.
Après bien des succès, des échecs, des montées, des descentes, beaucoup de courage, et des tentatives infructueuses, le football amiénois rejoindra l'élite du football français 16 ans plus tard. L'Amiens SC au plus haut niveau n'est désormais plus juste une promesse, ou un rêve un peu moqué par nos adversaires, mais peut être enfin un objectif réaliste et assumé.