Jean-Paul ABALO : "Mon objectif c'était de monter en L1 avec Amiens"
Dernière mise à jour : 10 juin 2021

Depuis son départ en 2005, aucun joueur n'est resté aussi longtemps à l'Amiens SC. Jean-Paul ABALO incarne le joueur fidèle et dévoué à son club, qualités si rares aujourd'hui. En dix ans, il a aussi marqué de nombreux supporters amiénois par son calme, sa détermination et sa gentillesse. C'est avec grand plaisir que l'équipe de Braquage à l'Amiénoise s'est entretenue avec cette légende de l'ASC pour évoquer son passé amiénois toujours vivace (1ère partie) et sa carrière au sein de la fédération togolaise interrompue récemment (2ème partie).
* 1ère partie : le défenseur central et loyal d'Amiens
1°) Entre 1995 et 2005, tu as fait plus de 300 apparitions sous le maillot amiénois. Depuis les années 60, avec Paul IMIELA (1965-1980), Roger LACOUR (1969-1984) et Thierry DOBELLE(1984-1997), tu fais ainsi partie des quatre joueurs à être restés au moins 10 ans au club.
"C'était un plaisir, moi je suis quelqu'un de très fidèle. Quand je suis arrivé à Amiens, dans ma tête l'objectif c'était de monter en L1 avec Amiens. Il y a des années où j'avais la possibilité de partir mais on essaie de rester, parce que dans ma tête j'étais convaincu qu'un jour ou l'autre on monterait en première division. Cela ne s'est pas fait. Après le club est monté en Ligue 1. Ca a été vraiment une joie, car je sais qu'à Amiens il y a beaucoup d'efforts qui ont été faits pour que le club soit au plus haut niveau."
2°) Tu suis attentivement l'évolution du club? En comparaison avec ton arrivée en 1995, tu as du voir de sacrés changements.
"Oui, je suis très bien l'évolution du club. C'est dommage qu'on soit redescendu en ligue 2, car en L1, il ne manquait pas grand chose. Quand je suis arrivé en 1995, il y a avait beaucoup de difficultés surtout au niveau des terrains d'entrainement. Par exemple, quand il neigeait c'était difficile de trouver des fois des terrains. En 1999, on a quitté Moulonguet pour la Licorne. Ensuite ils ont construit le centre. Après, il y avait beaucoup de terrains d'entrainement autour. Le club a beaucoup progressé. Amiens a tout pour rester le plus longtemps en ligue 1. Il y a tout. C'est grâce au travail de tous ceux qui sont autour du club."
3°) Tu as gardé contact avec beaucoup d'anciens d'Amiens?
"Oui, on se parle souvent sur Facebook : Arnaud LEBRUN, Cédric FONTAINE, Manu COQUELET... On s'écrit avec Denis TROCH, J'ai le président POUILLOT au téléphone. Quand on a l'occasion, on s'appelle, on s'écrit souvent. "
4°) Quels sont tes souvenirs les plus marquants de la saison 2000-2001 dont nous célébrons les 20 ans?
"La remontée en D2 et la finale de la Coupe de France. Cette année là, il y a eu des moments parfois un peu compliqués parce qu'il fallait remonter tout de suite. Avant la trêve, nous étions encore en course en Coupe de France et en Coupe de la ligue. Il fallait faire un choix. Quand on est un joueur, il ne faut pas faire de choix et jouer le match à fond. Nous savions que nous avions la possibilité de faire quelque chose. Nous avons réussi à remonter en D2, jouer la finale de la Coupe de France, et se faire éliminer de la Coupe de la ligue en quarts par Lyon. Donc je pense que cette saison était vraiment au départ compliqué mais à l'arrivée très passionnante. J'ai fait 51 matchs sur 53 je crois. En 2001, l'effectif qu'on avait c'était vraiment une famille. A un moment c'était un peu tendu, mais après on était des grands garçons. On a fait des réunions pour que l'on se sert les coudes pour y arriver. Tout le monde avait compris. On avait un entraineur qui était vraiment présent, qui nous soutenait. Tout s'est bien passé. C'était vraiment une année formidable pour moi, ça je ne l'oublierai jamais."
5°) As-tu un message particulier à adresser aux supporters d'Amiens qui ne t'ont pas oublié?
"Moi aussi je ne les ai pas oubliés. A chaque fois que je vois les matchs, je pense à ces dix ans passés ensemble. Je les remercie beaucoup pour tout leur soutien. Quand on parle des supporters, je pense que les supporters d'Amiens font partie des meilleurs. Ils sont toujours fair-play. Quelques soient les conditions climatiques, le public est toujours nombreux pour venir supporter son équipe. Cela prouve qu'ils aiment bien le football. Qu'ils continuent à rester toujours fair-play. Et vraiment je les remercie pour les dix ans passés avec eux. Je suis revenu plusieurs fois à Amiens, j'ai toujours mon frère là-bas. Si tout va bien cet été, je serai encore là-bas."
* 2ème partie : l'amour sacré de la patrie
En 2005, malgré la fidélité à tout épreuve de Jean-Paul ABALO, les dirigeants de l'Amiens SC ont tardivement indiqué à celui-ci qu'il n'aurait pas de proposition de nouveau contrat.
Or, capitaine emblématique de l'équipe du Togo (67 sélections), il devait jouer régulièrement dans une équipe de haut niveau pour participer à la première Coupe du monde de son pays en Allemagne en 2006, le rêve d'une nation pour lequel il avait tant donné. Après quelques matchs avec Dunkerque, et alors qu'il ne connaissait que les championnats français, il part à 30 ans jouer à Chypre pour l'Apoel Nicosie. Pendant la Coupe du Monde, il affrontera la Corée du Sud (1-2) et la France de VIEIRA et HENRY (0-2) (Zidane était suspendu!), future finaliste. Ensuite, Jean-Paul partira jouer en Grèce à l'Ethnikos le Pirée, et au Soudan où, sous les couleurs d'Al Merreikh, il atteint la finale de la Coupe de la confédération africaine (CAF) et la 2ème place du championnat en 2007, avant de mettre un terme à sa carrière de joueur professionnel en 2008.
Depuis Jean-Paul ABALO a occupé des responsabilités importantes au sein de l'encadrement de la sélection togolaise : entraineur adjoint et entraineur de l'équipe A' du Togo, les Éperviers locaux, c'est à dire évoluant dans le championnat togolais. Après le départ en avril 2021 de Claude LE ROY qui soutenait la candidature de Jean-Paul ABALO pour sa succession, la fédération a retenu Paulo DUARTE comme nouveau sélectionneur de l'équipe A.
1°) Jean-Paul, quelles sont tes perspectives au sein de la fédération suite à cette nomination ?
"Mon contrat d'adjoint à la sélection togolaise finit à la fin de ce mois. La fédération a décidé de ne pas reconduire le contrat donc je suis libre pour l'instant." (interview réalisé le 27/05/2021)
2°) Après une qualification héroïque obtenue face au Nigéria, les Éperviers locaux, dont tu étais le sélectionneur, ont participé à leur premier Championnat d'Afrique des nations de football (CHAN) en janvier 2021 au Cameroun. Dans leur poule où figuraient le Maroc (0-1), l'Ouganda (2-1) et le Rwanda (2-3), le Togo a fait impression et n'est d'ailleurs pas passé loin de la qualification. Le Maroc, futur vainqueur de la compétition, avait même eu beaucoup de difficultés à les vaincre.
Félicitations Jean-Paul. En quelques mots, quel bilan tires-tu de la compétition pour les Éperviers?
"Merci beaucoup. Pour le CHAN, on ne s'est pas préparé comme il fallait. Avec le Covid, nous ne pouvions pas nous entrainer. Nous n'avons pas eu vraiment beaucoup de temps, mais j'ai eu la chance d'avoir un groupe pour préparer les éliminatoires, qui était comme Amiens en 2001, vraiment une équipe de copains,qui étaient là pour bosser, qui savaient pourquoi ils étaient là. Quand le Covid est arrivé, on a coupé le championnat pendant un an. Il fallait préparer le CHAN. On l'a préparé pendant un mois à peine, sans avoir de matchs amicaux en plus. J'ai beaucoup félicité les joueurs parce que toutes les équipes que nous avons rencontrées, ce sont les équipes premières de leur pays, les équipe fanions. Nous nous avions des joueurs qui n'avaient jamais participé à une compétition hors du Togo. Contre le Maroc, on n'a pas démérité. Je n'aime pas trop parlé des arbitres mais si on revoit le match on ne mérite pas du tout de perdre. Le troisième match on a manqué un peu d'expérience, car le Rwanda c'est une équipe, ça fait longtemps qu'ils jouent ensemble et c'est pratiquement l'équipe fanion du pays. Donc on a manqué un peu de maturité. Le fait de ne pas être en compétition avant, de ne pas jouer de championnat et de ne pas avoir de matchs amicaux, je pense que cela nous a un peu joué des tours. Sinon,évolu dans l'ensemble, moi j'étais très content de la prestation des joueurs."
Dans sa carrière professionnelle, Jean-Paul ABALO a eu deux grands amours : l'Amiens SC et le Togo. Solide joueur de devoir, il a vécu des aventures dont rêveraient bien des footballeurs. Et en partageant nos souvenirs avec cet ancien camarade, il était difficile de ne pas songer aux conditions de son départ et surtout aux beaux adieux qu'il aurait pu avoir au Stade de la Licorne. C'est le passé, et pour le présent nous souhaitons à Jean-Paul de rebondir très vite en tant qu'entraineur dans un nouveau défi, et lui rappelons qu'il sera toujours le bienvenu chez lui au Stade de la Licorne!